Boulette Journal

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octobre 2023

3)

Octobre. Ce mois où j'ai toujours tout eu et tout perdu. Alors j'ai un peu peur, vois-tu, de tes plans cette année. En général, tu ne fais pas dans la dentelle et laisses un grand vide derrière toi. D'un autre côté, si j'ai aussi peur de toi, c'est que j'ai encore assez de bonheur en poche et d'espoir pour croire. Et tu ne vas pas tout gâcher. Tu me fais penser, à ta façon, que je regarde encore trop tout ce qui me manque. Faire — et faire bien — avec ce que j'ai présentement. Prendre les risques pour attiser le reste plus tard. Ou pas. L'important est de faire, d'avancer. Mais (...)

4)

J'ai posé une demie-journée supplémentaire pour faire le trajet. J'aime conduire. J'aime toutes les pensées qui défilent sous mes pneus. Cette façon que j'ai de laisser mes habitudes derrière moi, de prier à voix haute. J'aime partir sans rien dire et, parfois, le dire quand c'est fait. Ma vie est à moi. Je m'en retourne dans cette salle où j'étais si petite et si impossible à distinguer parmi les autres. J'ai envie de renouveler l'expérience, de créer ma deuxième chance dans une autre voix qui chante bien des choses en trois langues. J'ai besoin de ressentir la trace de tout (...)

5)

Dans un de ses cours, le professeur a écrit : "La timidité en art est un manque de travail." Jesus. Cette phrase me hante à m'en rendre folle. (...)

6)

Pour la première fois depuis longtemps, il n'y aura pas de vacances à l'étranger. L'exotisme est réellement ailleurs cette fois-ci. Derrière cette décision, il y a d'une part le besoin de contemplation pour ce que j'ai ici. Et d'une autre part une réflexion lancinante qui a nuancée mes derniers voyages. J'aime découvrir de nouveaux pays, être excitée par la nouveauté et, pourtant, chaque départ ressemble à une fuite. Il m'arrive même de penser à ne jamais revenir, sans savoir ce que je deviendrais pour autant. Il y a ici un.e inconnu.e que je ne regarde pas dans les yeux. (...)

7)

Cesser de confondre gentillesse et intérêt. Le lys, Iris et la fontaine. (...)

8)

Le cours de littérature était d'un ennui prodigieux. Et terriblement mathématique. Comment peut-on avoir le pouvoir des mots entre les mains, la tête pleine des "grands classiques" des "meilleurs auteurs", avoir publié quelques romans (en toute modestie) et avoir un discours aussi monocorde ? Deux heures à lire son PowerPoint d'académicien sans reprendre son souffle. Jesus. Mes rêves me reviennent au beau milieu de la journée comme des photos qui tomberaient d'un album. Leurs messages sont révélateurs des émotions tenues en laisse. Je voulais dénoncer les erreurs de mon frère ; (...)

9)

Le froid et l'humidité ont saisi la maison. Peu importe le nombre de couches de vêtements que je porte. J'ai la chair de poule à longueur de journée et toute la nuit. Mon ventre prépare un oeuf à mettre à la poubelle. Ça me tord. Les téléfilms de Noël pullulent depuis une semaine. On en a encore pour deux mois de concours de pâtisserie, premiers amours retrouvés, accidents de glisse et autres complexes d'abandon... Il est beaucoup trop tôt pour commencer à se sentir seule. Et pourtant. La tante dont je parlais dans mon précédent écrit m'a annoncé hier que sa petite-fille (...)