Boulette Journal

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Pour la première fois depuis longtemps, il n’y aura pas de vacances à l’étranger. L’exotisme est réellement ailleurs cette fois-ci. Derrière cette décision, il y a d’une part le besoin de contemplation pour ce que j’ai ici. Et d’une autre part une réflexion lancinante qui a nuancée mes derniers voyages. J’aime découvrir de nouveaux pays, être excitée par la nouveauté et, pourtant, chaque départ ressemble à une fuite. Il m’arrive même de penser à ne jamais revenir, sans savoir ce que je deviendrais pour autant.

Il y a ici un.e inconnu.e que je ne regarde pas dans les yeux. Alors, cette fois-ci, je reste. Je n’ai plus envie de voyager seule. Je veux partager ces moments et ces souvenirs.

Mon premier devoir est achevé. L’essence de ma composition de philosophie est écrite. L’Histoire de l’art est imbuvable. Le replay de la classe de lundi m’a laissé démantelée avec l’envie d’être parfaitement nue. Il m’a semblé avoir attendu toutes ces années pour m’entendre dire les mots qui ont été prononcés. Et enfin, ils roulent dans mes oreilles. Quelques mots d’une simplicité imbécile et l’enfant sous l’armure respire enfin. Je tremblais de larmes de liberté. C’est perturbant de réveiller cette part de moi qui ouvre toutes les portes. Je comprends tout parce que tout m’atteint.

De la même façon que l’on croit être celui qui sort son chien, cette reprise d’études me fait sortir davantage, à être plus curieuse et expérimentale. La recherche de connaissances m’y pousse. Mon ignorance est affligeante mais elle ne me fait pas honte. Je la laisse vivre et évoluer avec la nourriture qu’on lui donne. Mes efforts n’ont pas de prix. L’ennui de ma première vie me permettant la seconde aussi.

J’ai tout ce que je me suis cherchée. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie. Et je sais que le meilleur reste à venir.