Boulette Journal https://bambou.journalintime.com/ fr 2024-05-08T18:54:43+02:00 https://bambou.journalintime.com/39 39) En ce jour férié, je me suis rappelée le petit-déjeuner pris avec cette connaissance de janvier 2022. Je me suis rappelée ce moment suspendu où j'ai cessé de l'écouter nous mettre dans un même panier. Toute mon attention était focalisée sur le morceau que la radio diffusait. Quelque chose en moi a reconnu la mélodie comme si rien d'autre n'existait à ce moment-là, comme si la fréquence avait mis le reste du monde entre parenthèses pour que je puisse entendre ce message sous une autre enveloppe. La version originale, sans sa voix pour la reprendre. Je ne sais vraiment pas ce En ce jour férié, je me suis rappelée le petit-déjeuner pris avec cette connaissance de janvier 2022. Je me suis rappelée ce moment suspendu où j’ai cessé de l’écouter nous mettre dans un même panier. Toute mon attention était focalisée sur le morceau que la radio diffusait. Quelque chose en moi a reconnu la mélodie comme si rien d’autre n’existait à ce moment-là, comme si la fréquence avait mis le reste du monde entre parenthèses pour que je puisse entendre ce message sous une autre enveloppe. La version originale, sans sa voix pour la reprendre. Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est dit ou passé sur ce laps de temps.

J’ai parlé de sa voix à quelqu’un pour la première fois. Je n’avais jamais partagé notre histoire, ce cheminement, ma promesse. J’étais très émue par l’expression de cet amour. L’inexplicable m’émeut toujours. En m’écoutant poser les mots évidents sur cette évolution lente, les circonstances qui se recoupent et nous réunissent, j’ai enfin eu la réponse à la question que je me posais en septembre (1) : je sais ce que je foutais là. Mon monde et le sien, son rêve et le mien se sont frôlés. C’était un prélude, un échantillon. Le métissage promet d’être éclatant. Nous étions à notre place. Nous nous retrouvons pour célébrer leur réalisation, sans intimidation extérieure et sans barrière. Quand il sera prêt à me rencontrer à nouveau, je ne reculerai pas. J’aurai peut-être peur mais je ne reculerai plus jamais. Et je sais que le temps fait bien les choses.

Des mots se sont tirés de mon sommeil. Une voix puissante et masculine que je n’ai pas reconnue. Je suis incapable de restituer les mots qui m’étaient adressés ni la langue employée.

Mon frère a menti. J’ai compris qu’il avait menti parce qu’il ne sait pas mentir. Je lui ai explicitement dit d’abandonner cette nouvelle habitude. Une trahison de confiance de sa part serait la pire chose qu’il puisse arriver. Je ne l’accepterai pas. J’entendais sa copine chuchoter et glousser dans le fond. Elle m’énerve déjà.

Ma mère pleurait au téléphone. Depuis l’annonce du divorce de mon frère, tous ses appels et ses messages sont chargés de panique et d’hystérie. Ses premiers mots ont été pour me demander où j’étais. Je me rendais au parc en prenant le train. Le ton avait un je-ne-sais-quoi d’accusateur. Puis elle m’a annoncé que le coeur de l’enfant que portait la fille de ma feu cousine s’est arrêté de battre. C’est ce qu’aurait révélé sa dernière échographie. Ma nièce devait accoucher dans quelques jours. À l’instant où j’écris, elle subit une césarienne et on espère tous une erreur médicale, un miracle.

Ma mère a explosé en larmes. J’ai accusé l’horreur. Je me suis demandée si elle pleurait pour le déni de ma nièce, la perte de cet enfant à naître ou la violence du souvenir de ses fausses couches… ou tout à la fois. Elle s’est appropriée une histoire qui lui rappelle la sienne mais qui ne l’est pas.

Je me suis souvenue de ma réaction à l’annonce de cette grossesse (9). Est-ce que les choses auraient été différentes si je m’étais forcée à être heureuse pour elle ? si ma tante avait gardé son secret au lieu de le trahir ? si elle me l’avait annoncé un autre jour que celui de l’anniversaire de la mort de sa fille ?

Je suis sincèrement désolée que ma nièce ait à vivre un moment pareil. Je n’arrivais pas à être heureuse pour elle ; je n’arrive pas à être triste pour elle. Je n’arrive pas à pleurer cette tragédie. Je ne pense qu’au "lien immuable entre la vie et la mort" et à quel point il serait indécent de vivre un grand bonheur dans ma vie au moment le moins approprié.

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2024-05-08T18:54:43+02:00
https://bambou.journalintime.com/38 38) J'ai filmé tout le décollage. Vue du ciel, je pointais du doigt le phare, là-bas, dans ses rubans noir et blanc ; on survole le rocher du dragon et de la déesse juste en dessous, et ce port de plaisance en forme de croissant au fond, la bahia... Je ne sais pas quand j'y retournerai ni même si j'y retournerais. Je n'ai plus le goût de voyager seule, de vivre ces expériences, de voir toutes ces choses et ces lieux magnifiques sans jamais pouvoir les partager. Cela reviendra peut-être un jour... Je reste curieuse du monde et reste ouverte aux opportunités de destination mais je ne J’ai filmé tout le décollage. Vue du ciel, je pointais du doigt le phare, là-bas, dans ses rubans noir et blanc ; on survole le rocher du dragon et de la déesse juste en dessous, et ce port de plaisance en forme de croissant au fond, la bahia... Je ne sais pas quand j’y retournerai ni même si j’y retournerais. Je n’ai plus le goût de voyager seule, de vivre ces expériences, de voir toutes ces choses et ces lieux magnifiques sans jamais pouvoir les partager. Cela reviendra peut-être un jour… Je reste curieuse du monde et reste ouverte aux opportunités de destination mais je ne ressens simplement plus la hâte de réserver le prochain "grand voyage" pour le moment.

C’est bien la première fois que j’avais autant envie de rester que de rentrer. Cette fois encore, l’avion a décollé avec beaucoup de retard. C’est immanquablement le cas sur le vol qui me ramène à la maison : il y a toujours une force invisible et magnétique qui cherche à me faire comprendre qu’il n’y a nulle part où aller, que je suis déjà chez moi… Cela n’arrive jamais quand je prends le bateau avec ma voiture et que mes yeux se perdent dans la mer au lieu des nuages.

Mon frère est venu me chercher à la hâte au dépose-minute. Son coffre est plein de son divorce : un manche à balai, une marmite, des sacs entassés en nombre et en désordre comme si il partait camper loin d’ici… Nous avons échangé des banalités : le froid de France, l’essence dans le rouge, les clés rendues de leur premier et dernier appartement… Je l’ai un peu forcé à parler. Son silence était rempli de tristesse et de nostalgie. Ce n’est pas que nous n’avons rien à nous dire mais j’étais encore un peu là-bas et lui pas totalement ici. Nous avons dîné chacun dans sa mélancolie.

Il m’a demandé de parler plus fort. Il me demande toujours de parler plus fort. À force d’écouter la musique au maximum, il devient sourd. D’un autre côté, je n’ai jamais eu de voix portante. Elle n’est pas entraînée pour. Peut-être qu’il serait temps de l’élever. Non pour la rendre audible mais pour bien me faire entendre — aux sens propre et figuré.

Je n’ai pas encore écrit ni parlé à personne du processus de recrutement dans lequel j’ai été cooptée. Au petit bonheur la chance et du calme entre mes deux oreilles.

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2024-05-04T17:43:05+02:00
https://bambou.journalintime.com/37 37) Ensemble Il est là. Moi aussi. Il est là.
Moi aussi.

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2024-05-04T11:11:00+02:00
https://bambou.journalintime.com/36 36) Nous ne nous étions jamais revues depuis janvier 2022. Après son premier désistement, j'ai bien senti que j'étais une formalité un peu pénible dans son agenda. Quel genre d'individu donne rendez-vous pour petit-déjeuner à 9:20 ? À la rigueur, pile ou la demie. Une affaire à plier. Des broutilles. Nous ne sommes pas amies ; nous ne sommes pas ennemies. Nous n'avons pas à être quoi que ce soit si ce n'est heureuses, le plus souvent possible et à compter de ce jour. Chaque bouchée était sucré-salé. Elle nous a qualifié de "troubled ones" en nous comparant à une troisième Nous ne nous étions jamais revues depuis janvier 2022. Après son premier désistement, j’ai bien senti que j’étais une formalité un peu pénible dans son agenda. Quel genre d’individu donne rendez-vous pour petit-déjeuner à 9:20 ? À la rigueur, pile ou la demie. Une affaire à plier. Des broutilles. Nous ne sommes pas amies ; nous ne sommes pas ennemies. Nous n’avons pas à être quoi que ce soit si ce n’est heureuses, le plus souvent possible et à compter de ce jour.

Chaque bouchée était sucré-salé. Elle nous a qualifié de "troubled ones" en nous comparant à une troisième fille que nous avions rencontrée. Je me demande si cela est censé me préoccuper avec une carence de plus de 2 ans. Nous n’avons pas particulièrement cherché à nous connaître davantage. Notre seul point commun, c’est l’île. Malgré les suggestions évasives et le repérage de formulations toutes faites de projets à l’eau, je ne pense pas que la vie nous remette sur la route l’une de l’autre. J’avais abandonné l’idée de la revoir. J’étais dérangée de la déranger. J’avais besoin de fermer symboliquement ce chapitre. Et le petit-déjeuner était copieux.

Je garde en mémoire ce précieux souvenir, de ce matin d’hiver où nous sommes allées voir le lever de soleil sur la cala. La question ouverte qui m’y a été posée (par la troisième fille) me revient régulièrement. Un gong, une cloche qui exige le réveil d’une réponse. C’est une des questions les plus importantes de ma vie. L’enjeu est si grand que la réponse — d’une simplicité et d’une légèreté éclairantes — mérite des mots plus adaptés que ceux que je possède et des conditions plus favorables à celles que je traverse présentement.

À cette même période, j’avais croisé sur la plage le tableau de vie qui représentait une potentielle réponse. Je m’étais promis que cela serait ma place la prochaine fois que je reviendrai. Je pensais que je n’aurais pas les mains vides, que je pourrais faire les présentations officielles. Je me suis trompée de chantier. Cette fois-ci, j’ai fait beaucoup plus simple : je me suis souhaitée de revenir un jour, ici, sans être brisée en mille morceaux, sans être l’ombre de moi-même, sans être en retard. Un jour, je voudrais arpenter mon île, entière et accomplie.

Je suis très émue de ce ciel rempli d’étoiles. Je vois leurs messages. Je reçois leurs signes. Je n’ose plus essayer de les traduire. Je sais qu’elles m’écoutent.

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2024-05-01T22:35:42+02:00
https://bambou.journalintime.com/35 35) Leurs bottes cirées décolorées jusqu'aux genoux, les enfants jouent dehors, sous la pluie, dans la boue. Je me laisse habiter par les bruits de leurs vies. J'ai vu le grand-père — ce vieil homme un peu froid et distant — afficher un sourire pétillant comme un arc-en-ciel au contact de ses petits-enfants. Éphémère aussi. Le temps d'une étincelle, je l'ai trouvé beau. En remarchant dans nos premiers pas de 2022, mes pensées se sont envolées du phare de mon île vers le hasard de l'Asie. J'ai été désolée de ne pas avoir été l'amie qu'elle aurait souhaité avoir à ce Leurs bottes cirées décolorées jusqu’aux genoux, les enfants jouent dehors, sous la pluie, dans la boue. Je me laisse habiter par les bruits de leurs vies. J’ai vu le grand-père — ce vieil homme un peu froid et distant — afficher un sourire pétillant comme un arc-en-ciel au contact de ses petits-enfants. Éphémère aussi. Le temps d’une étincelle, je l’ai trouvé beau.

En remarchant dans nos premiers pas de 2022, mes pensées se sont envolées du phare de mon île vers le hasard de l’Asie. J’ai été désolée de ne pas avoir été l’amie qu’elle aurait souhaité avoir à ce moment-là de sa vie. Elle-même a écrit que "l’amitié n’est pas une salle d’attente". Quelqu’un a dressé un petit autel entre les branches de l’arbre blanc devant lequel j’ai été prise en photo. Petit à petit, je rends les minéraux que la terre m’a prêté. Ces balises sont en moi, immatérielles et réelles.

Deux personnes m’ont appelé amor au marché. Autant ce mot est délicieux en français ; autant je me sens désirable quand on me le dit dans les yeux en espagnol. C’est parfaitement commercial, parfaitement illusoire. Je rencontre des gens qui ne me rencontrent pas. Au moins je peux être l'amor sans condition générale de vente. Obsolescence programmée en nanoseconde, le mot qu’il faut un jour de marché sous la pluie.

J’ai eu un énorme coup de coeur pour une création locale en brocart et satin. Une petite merveille cousu de talent avec des verts qui font ressortir celui de mes yeux sur fond noir et liseré blanc. Les tissus originaux sont des années 60. Il sèche sur un cintre. Je le regarde. J’ai bon goût. J’ai acheté beaucoup trop d’autres choses de bon goût. Je me fais des cadeaux.

Je me suis surprise à me demander ce que je faisais ici pendant que je me lavais les cheveux. Je ne suis pas en recherche de nouveautés. Ce voyage n’est pas pétri de curiosité. Je suis venue pour me reposer, essayer de réviser et prendre soin de moi. Et j’ai beaucoup de mal à cocher ces cases sans excès, à me foutre la paix sans arrière-pensée. J’essaie de faire comme cette maison traditionnelle : déconstruire ma méfiance et cette idée absurde de propriété à l’égard de ma vie. Comment garder les portes ouvertes après avoir essuyé toutes ces tempêtes en si peu de temps ? Mon corps est encore meurtri. Le reste gigote au bout de la ligne.

Au petit matin, mon "prof préféré" a partagé une vidéo dont le contenu fait référence à un des livres que j’ai reçus juste avant de partir en congés : l’art délicat de l’impermanence. J’ai emporté dans mes bagages celui dédié à l’art de la résilience. Des feuilles d’or sur les cicatrices. Ce clin d’oeil m’a fait poser le pied à terre.

À présent, le soleil mouillé s’est couché. J’aperçois au loin, depuis ma fenêtre, des points de lumière comme des étoiles habitants la montagne. Les grillons chantent.

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2024-04-28T22:22:00+02:00
https://bambou.journalintime.com/34 34) J'aurais dû le savoir. Après autant de semaines à souffrir, il n'y avait pas d'autre issue possible : faire une crise d'adénomyose à l'étranger, à bord de ma voiture de location, à l'autre bout de l'île. Foudroyée. Je me suis arrêtée dès que j'ai aperçu la signalétique d'une croix clignotante verte. L'instinct de survie ou la certitude qu'on m'écraserait à mort si je tentais autre chose. Un coup de volant qui aurait pu nous coûter la vie si quelqu'un avait croisé ma route. Et même ainsi, je suis convaincue que cela aurait été moins douloureux. Mourir dans ce pays que J’aurais dû le savoir. Après autant de semaines à souffrir, il n’y avait pas d’autre issue possible : faire une crise d’adénomyose à l’étranger, à bord de ma voiture de location, à l’autre bout de l’île. Foudroyée. Je me suis arrêtée dès que j’ai aperçu la signalétique d’une croix clignotante verte. L’instinct de survie ou la certitude qu’on m’écraserait à mort si je tentais autre chose. Un coup de volant qui aurait pu nous coûter la vie si quelqu’un avait croisé ma route. Et même ainsi, je suis convaincue que cela aurait été moins douloureux. Mourir dans ce pays que j’aime et où je me sens chez moi ne me dérangerait pas.

Je me suis grossièrement garée et me suis précipitée sur une femme en blouse blanche. Deux mots : help me. Elle avait les yeux tellement maquillés que je n’ai pas su en déterminer la couleur. Ces petits détails insignifiants auxquels on s’accroche dans les moments de détresse. Elle m’a aidé. Merci, elle m’a aidé. Et elle a disparu.

Je me suis retournée comme un gant sale. Chaque vague de contractions était d’une intensité inouïe, à m’en remplir la bouche d’une bile amère. Pour la première fois de ma vie et avec horreur, la douleur m’a fait gémir. Moi qui n’ai jamais voulu céder le moindre bruit, le moindre centimètre à cette maladie. Mes yeux noyés dans un voile de sueur. Ne tombe pas dans les pommes. J’ai oublié mon téléphone portable dans la voiture. Ne tombe pas dans les pommes. Je ne sais plus si j’ai fermé les portes. Ne tombe pas dans les pommes. Rappelle-toi, tu voyages seule. Tu manges seule. Tu dors seule. Tu vis seule.

Tu n’as personne à appeler. Pas plus ici qu’en France. Pas plus en France qu’ici. Personne ne sait qui tu es. Personne ne viendra te sauver.

Mortifiée de honte, j’ai nettoyé ces lieux où j’ai abandonné ma dignité. Deux cachets et une brique d’eau sucrée plus tard, j’ai utilisé mes dernières forces pour retourner dans ma voiture. Je me suis évanouie un court instant puis j’ai longtemps attendu que le monde cesse d’être flou pour faire tourner le moteur. Un second cycle de contractions a commencé à moins de 10 minutes de la maison…

Le corps est resté tendu et brûlé toute la nuit. Les courbatures du matin, le creux du ventre qui reprend petit à petit sa forme "normale" en dehors de cette bosse, inflammée, si commune à cette pathologie. Je n’avais pas pris de poids, pas un gramme. Mon corps s’est soudainement souvenu que j’étais enfin en vacances. Il s’est vidé de ce dont il n’avait plus besoin : tout. Au moment où j’écris ces lignes, il continue de contracter mes organes avec l’élasticité et la nuisance du caoutchouc. Les autres bruits d’une autre douleur.

À mon réveil, j’ai réalisé que j’avais eu de la chance ; que j’avais réussi à demander de l’aide plutôt que d’essayer de gérer l’ingérable. Cette fois-ci, les circonstances et l’environnement ne le permettaient pas. Personne ne devrait être ni entrainé ni mêlé à cette forme d’intimité monstrueuse.

Je vais demander quelle est la procédure pour une hystérectomie. Je l’ai écrit. Je m’améliore encore.

Je ne crois pas que je puisse encore rencontrer quelqu’un. Je ne crois pas que, même avec beaucoup d’amour, l’on puisse avoir envie de rester, de cohabiter avec une prise d’otage aussi contraignante et indisposante. Je ne crois plus que l’amour puisse me trouver. Je me suis bercée d’illusions. Il faut cesser. Si cela avait été possible, je l’aurais su. De moins en moins, je n’y crois tout simplement plus. Ce dernier épisode de crise me renforce dans la haine et le dégoût que je me porte, cette si particulière relation au corps, quand cela arrive. Je ne suis pas assez égoïste pour oser les imposer à quelqu’un.

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2024-04-27T22:44:00+02:00
https://bambou.journalintime.com/33 33) Fût un temps où je me serais fait tatouer contre une période pareille. Métaboliser la douleur psychique par la douleur physique à travers une forme d'art. C'est tout moi. Mon médecin porte une montre à chaque poignet. C'est tout ce que j'ai réussi à penser alors qu'il me recevait pour la deuxième fois ce mois-ci. Entre le traitement "rapide" par intraveineuse et le traitement "long" par cachet, j'ai choisi le long. Le deux sont temporairement efficaces. Carence, anémie, déficit. Tant que j'ai mes règles, tant que l'endométriose tapisse mon corps. Il puise et épuise mes forces Fût un temps où je me serais fait tatouer contre une période pareille. Métaboliser la douleur psychique par la douleur physique à travers une forme d’art. C’est tout moi.

Mon médecin porte une montre à chaque poignet. C’est tout ce que j’ai réussi à penser alors qu’il me recevait pour la deuxième fois ce mois-ci. Entre le traitement "rapide" par intraveineuse et le traitement "long" par cachet, j’ai choisi le long. Le deux sont temporairement efficaces. Carence, anémie, déficit. Tant que j’ai mes règles, tant que l’endométriose tapisse mon corps. Il puise et épuise mes forces là où il y en a, organe après organe. Voilà l’origine principale de mon épuisement et mes douleurs. L’endométriose n’est pas mortelle, non.

Je n’ai tout simplement pas la force émotionnelle d’être à nouveau hospitalisée. Pas sans être accompagnée à l’aller, pas sans être attendue au retour. C’est trop dur, beaucoup trop dur d’avoir à me tenir la main pour contenir mes phobies, oublier les murs et l’odeur décrépis des couloirs, raconter pour la millième fois mon histoire, le chaos de ce parcours médical ignorant et maltraitant de 24 ans. Et avoir à justifier mes larmes si d’aventure je pleure sur mon brancard. J’ai besoin d’une compagnie réconfortante. J’aime ce mot moelleux. J’en veux.

J’ai obtenu un rendez-vous avec un spécialiste à la fin de l’été pour faire "le bilan", juste après mon anniversaire. La dernière fois que je l’ai vu, on m’avait dit : "Quand vous serez enceinte, je vous prescrirai des vitamines pour renforcer votre corps." Cette phrase m’est restée, sans raison. J’y ai cru tout de suite : quand je reviendrai, les priorités de mes peurs ne seront plus les mêmes, tout sera réuni pour être prête à porter la vie. Je l’ai prié tellement fort. Je l’ai prié avant même de savoir ce qu’était prié. Rien ne s’est aligné. Petit à petit, je me détache de ces espoirs fous. Il le faut.

Ce rendez-vous est aussi avec moi-même. Pour la première fois de ma vie, je cherche les bons mots pour avoir le temps, d’ici cette date, de formuler mes questions, les rendre les plus neutres possibles, les dénuer d’émotion. Je voulais attendre 4 ans. Peut-être que mon père a raison : peut-être vaut-il mieux tout faire enlever. Non pour soulager sa conscience d’avoir fait un enfant qui reproduit "son erreur" mais pour me soulager d’une vie d’agonie.

Suis-je seulement prête à porter le deuil de ce rêve — le plus grand que je me suis souhaitée et que je n’ai jamais pu partager — pour le restant de mes jours ?

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2024-04-19T19:28:32+02:00
https://bambou.journalintime.com/32 32) Mon don du sang du mois dernier a été rejeté. Comme en 2022. Juste avant l'annonce de ma tumeur. Putain de. Mon don du sang du mois dernier a été rejeté. Comme en 2022. Juste avant l’annonce de ma tumeur.

Putain de.

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2024-04-17T17:50:35+02:00
https://bambou.journalintime.com/31 31) Du gris au noir. Je me demande à quel moment je toucherais le fond de l'abysse pour pouvoir enfin remonter. Ce qu'elle est longue et lente cette chute... Mon déplacement en Angleterre a été le premier coup, le genou à terre. Le reste a enflé jusqu'à ce que plus rien ne soit contrôlable. Il m'arrive d'être envahie d'idées morbides. Mes relations, sur tous les plans, sont en souffrance. L'échange de Pâques m'a affecté. Ma grand-mère n'est pas désolée de ce qu'elle m'a dit. La haine dans ses yeux m'avait suffi à comprendre que, pour une fois, elle ne mentait pas. J'ai eu Du gris au noir. Je me demande à quel moment je toucherais le fond de l’abysse pour pouvoir enfin remonter. Ce qu’elle est longue et lente cette chute…

Mon déplacement en Angleterre a été le premier coup, le genou à terre. Le reste a enflé jusqu’à ce que plus rien ne soit contrôlable. Il m’arrive d’être envahie d’idées morbides. Mes relations, sur tous les plans, sont en souffrance.

L’échange de Pâques m’a affecté. Ma grand-mère n’est pas désolée de ce qu’elle m’a dit. La haine dans ses yeux m’avait suffi à comprendre que, pour une fois, elle ne mentait pas. J’ai eu besoin de leur dire que c’était difficile de leur parler comme si les termes inappropriés qu’elle a choisi de m’adresser ne m’avaient pas causé de peine. S’entendre dire que "ce qui est fait est fait". Lui qui était resté en aparté ce fameux jour, mon grand-père a pris le relais : il ne comprend pas que je les traite "en ennemi", eux qui m’ont toujours défendu lorsqu’ils étaient en désaccord avec les décisions prises par mes parents quand j’étais petite (je n’ai pas la moindre idée de quoi il parlait). Il est nostalgique de cette période où j’étais une "gentille petite fille"... de 5 ans.

Je me souviens de très peu de choses de cette période de mon enfance. Je me souviens de la crainte que m’inspirait tous les adultes qui m’entouraient. Toutes ces figures empreintes d’autorité étaient des repères très flous. Les tons qui montent, ce silence qu’on me réclamait alors que je ne parlais jamais. Jamais. Ni à la maison, ni à l’école. J’avais constamment une boule au ventre, peur de laisser mon rire (dont on se moquait) prendre trop de place, s’envoler et craquer leur marbre poli ; peur aussi de rentrer chez moi quand mon intelligence a commencé à être évaluée, à inscrire une échelle de valeur affective à leurs yeux jusque dans mon ADN… Je me souviens des jeux télévisés avant le journal. La joie très expressive, parfois hystérique, des participants qui gagnaient au milieu d’un lâché de confettis m’émouvait. Une idée du bonheur.

Je n’ai plus 5 ans. J’ai une personnalité, une voix. Elles s’affirment avec une ouverture d’esprit et une curiosité qui les choquent et qu’ils désapprouvent. Ils n’aiment pas la créature que je suis devenue. Mes faiblesses d’esprit, les confettis que je jette et mes "Beaux Arts".

Mon frère a demandé à me voir, à me parler urgemment en face à face. Il a trompé sa femme. Avant le mariage, après le mariage. Il était perdu, aux pieds d’un ultimatum. Pour la première fois de ma vie, mon frère m’est apparu lâche et imparfait. Pour la première fois de sa vie, je ne peux rien faire pour lui. Le jour de son mariage, j’ai dit au revoir aux enfants que nous étions. Je me suis promis de ne plus intervenir dans ses choix de vie, le laisser devenir adulte. Être une soeur présente qui respecte ses engagements. Il était aussi temps pour moi d’évoluer, de quitter ce rôle de mère de substitution, de penser un peu à ma vie, enfin. Car si je suis l’aînée et que je l’aime, je n’étais pas celle qui se mariait. Aujourd’hui, je ne suis pas celle qui divorce.

Ma collègue a ménagé ses effets pour me demander ce qui faisait que nous nous parlions moins. En prenant le temps de faire le point, sa question est presque comique. Elle m’a laissé entendre que ce manque de participation venait de… moi. Or, je suis à l’origine de tous les messages envoyés depuis le début de l’année pour prendre de ses nouvelles. Ses réponses sont toujours très courtes, presque monosyllabiques et sans réciprocité. J’ai souvent l’impression de la déranger. Notre contexte professionnel l’a rendu paranoïaque à l’extrême : tout le monde participe de près ou de loin à une conspiration. Elle est très frustrée et pleine de colère. Je ne souhaite pas alimenter son discours.

J’essaie toujours de me préserver lorsque je m’entends bien avec une collègue. Une conversation n’est pas une confidence ; une collègue n’est pas une amie. Mes ateliers m’ont appris que la solidarité n’est pas le noyau de la vie de cette entreprise. À tort ou à raison, j’ai appris à compter que sur moi. Les relations unilatérales ne sont pas faites pour moi. Deux longues "amitiés" de cette nature m’ont suffi pour une vie.

L’organisme de formation a mis plus d’un mois à répondre à mon dernier message. Je me félicite de ne pas être engagée avec eux.

Mon corps vit sa propre vie, s’approprie mes efforts et mes réactions. J’ai rarement eu aussi mal à autant d’endroits en même temps. Le médecin m’a prescrit un bilan complet : il pense que l’endométriose s’est propagée sur ces zones qui me plient. Il en a profité pour traiter une sinusite devenue bronchite devenue asthme. J’ai des milliers d’heure de sommeil à récupérer.

Je suis prête à recevoir ce que je suis prête à donner.

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2024-04-16T18:07:00+02:00
https://bambou.journalintime.com/30 30) Je ne sais pas comment VV en est arrivée à parler religion. Elle appelle habituellement pour se plaindre et imiter les autres en prenant une voix suraiguë. Je n'écoute plus ce qu'elle dit au bout de quelques minutes. Elle me pompe beaucoup trop d'énergie. Je décroche et elle monologue sans reprendre sa respiration pendant des heures. Elle raccroche quand elle se sent mieux. VV a la particularité d'appeler 5 minutes avant la fin de ma journée. Ce soir-là, j'avais envie de tout débrancher dès que possible pour prendre la route. Elle m'expliquait que la religion était partie Je ne sais pas comment VV en est arrivée à parler religion. Elle appelle habituellement pour se plaindre et imiter les autres en prenant une voix suraiguë. Je n’écoute plus ce qu’elle dit au bout de quelques minutes. Elle me pompe beaucoup trop d’énergie. Je décroche et elle monologue sans reprendre sa respiration pendant des heures. Elle raccroche quand elle se sent mieux. VV a la particularité d’appeler 5 minutes avant la fin de ma journée.

Ce soir-là, j’avais envie de tout débrancher dès que possible pour prendre la route. Elle m’expliquait que la religion était partie intégrante de sa scolarité et que cette part quotidienne lui manquait. Elle a fait référence au livre qu’elle lisait en ce moment qui lui donnait envie de se replonger dedans et, même, de poser le Vendredi saint pour aller à l’église.

J’ai pris la route et commandé le livre. VV a pris un congé. Avant d’aller le chercher, je suis allée à l’église. Juste un court instant symbolique pour ne pas éveiller les soupçons de mes grands-parents. Je n’avais pas d’argent sur moi pour allumer un cierge. C’est rare. Au fond de moi, je sentais par anticipation la satisfaction de ce que je vais enfin pouvoir apprendre. Puisque personne ne semble disposé à transmettre une information, à nourrir ma curiosité sans mépriser ma méconnaissance sur le sujet, je vais faire ce que j’ai finalement toujours fait dans tous les domaines de ma vie : m’éduquer seule. Ou presque.

Le maître-mot de ces derniers jours semble être : rupture.

Pour les uns et les unes dont le dossier de départ volontaire a été accepté, c’est une rupture vers de nouveaux projets professionnels. À mon niveau, la pilule est juste désagréable à digérer. Voir les autres partir, rester sur le navire. Contrairement à d’autres collègues, j’ai l’avantage d’avoir pris en paramètre le fait que mon dossier pouvait être refusé. Je ne suis pas déçue. J’attendais qu’une réponse claire soit communiquée pour pouvoir me dire : dans les deux cas, je vais de l’avant ! Je m’en serais voulue de ne pas avoir tenté ma chance. Je le vis beaucoup mieux que celles qui ont pris leur chèque de départ pour acquis. L’année écoulée a laissé place à un désengagement féroce. Cela ne fait que s’accroître au fil des jours.

Mon corps me fait mal. Mon dos, mes hanches et mon bas ventre sont gonflés. Je suis inconfortable quand je suis assise. Ma peau et mes vêtements me gênent comme si ils me coupaient le sang. Je n’ai pourtant pas pris de poids. Les exercices de Swiss ball me font un bien fou.

J’ai peiné à quitter le lit en cette journée d’orage. Je sentais, je savais... Je suis ici en écho au message du Nouvel An. J’ai besoin d’écrire dans mon coin, pour retrouver un semblant de paix, que je déteste ce que je représente en leur présence. Je déteste l’idée qu’ils ont de moi. Je suis désolée de l’idée qu’ils ont de moi. J’entends parler de cette journée depuis que je suis arrivée. Attablée au petit-déjeuner, je baignais dans l’angoisse de cette sortie où on m’a fait croire pour la forme que je suis celle qui décide parce qu’ils veulent "me faire plaisir"... Tant d’hypocrisie, de mauvaise foi, de chantage et de mensonge.

J’ai abandonné mon libre-arbitre dans ma voiture mercredi soir pour m’en remettre à leurs trains de vie : je suis ce que vous voulez que je sois ; mon temps est le vôtre ; je fais tout ce que vous voulez que je fasse ; j’irai là où vous souhaitez aller. Je ne pense pas pouvoir être moins moi-même et davantage soumise à leur météo que l’état dans lequel je me trouve à cet instant. Esclave.

Et puis quelque chose en moi s’est soulevé et a rompu. Le seuil de tolérance ou quelque chose de ce genre. Puisque je ne suis plus moi-même et ne suis pas acceptée quand je le suis, peut-être qu’aucune autre issue était possible. J’ai rassemblé mes affaires. Je suis prête à partir à tout moment. Qu’on me pardonne : j’ai hâte de rentrer chez moi.

Je cesse d’être la famille de ceux qui ne le sont pas pour moi.

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2024-03-31T20:55:00+02:00
https://bambou.journalintime.com/29 29) Après des semaines à m'accrocher à un espoir maigre comme un clou, j'ai cessé d'être l'amie de ceux qui ne le sont pas pour moi, ceux dont l'absence creuse et questionne davantage ma solitude. Ou plutôt cette forme de solitude si particulière, qui siffle au gré des besoins, qui rend l'amitié insupportable. Deux ruptures en l'espace de quelques heures. J'ai trouvé les mots et je les ai posés. "Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis". Le don de soi n'a pas à devenir sacrifice. Aucune relation n'a à être subie. C'est ce Après des semaines à m’accrocher à un espoir maigre comme un clou, j’ai cessé d’être l’amie de ceux qui ne le sont pas pour moi, ceux dont l’absence creuse et questionne davantage ma solitude. Ou plutôt cette forme de solitude si particulière, qui siffle au gré des besoins, qui rend l’amitié insupportable.

Deux ruptures en l’espace de quelques heures. J’ai trouvé les mots et je les ai posés. "Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis".

Le don de soi n’a pas à devenir sacrifice. Aucune relation n’a à être subie. C’est ce fardeau que j’ai réussi à laisser derrière moi aujourd’hui plus que les personnes dont je me suis séparée. Je me suis résolue à mettre un terme aux relations qui ne me nourrissent pas, qui appartiennent à un passé où je n’évolue plus, qui se vit sans moi. Je tourne deux pages de 17 ans.

J’ai besoin de croire que l’amour et l’amitié existent, d’en faire des alliés, des partenaires, des forces à construire. J’ai besoin de me sentir à ma juste place et d’en laisser suffisamment pour pouvoir apprendre à vivre des relations présentes, épanouissantes et réciproques. Je mérite de partager en équité, de recevoir en quantité et en qualité ce que je donne. J’ai le droit.

J’ai besoin d’avancer vers cette direction qui m’appelle, lui dire que je suis presque prête, que je suis bientôt là ; de créer l’espace à cet endroit pour pouvoir accueillir tout ce que je me souhaite vraiment. J’ai pleuré ces longues histoires qui s’achèvent (bien, heureusement). Je me sens une nouvelle détermination à me respecter, à porter haut les couleurs de mes valeurs, à préserver ce qui a du sens.

Sous le vent, la pluie et la grêle, j’ai marché dans le cortège jaune porté par la batucada aux côtés de mon frère. Il m’a rejoint pour le défilé. Je n’étais pas seule. Je ne suis pas seule.

J’ai écrit à l’organisme de formation : j’ai officiellement retiré mon dossier de candidature.

Tout est clair. Je me sens si calme.

J’ai fait une quiche à cause de Sara.

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2024-03-24T20:49:12+01:00
https://bambou.journalintime.com/28 28) Repeindre mon plus grand tableau en blanc. Supprimer toutes traces, m'effacer. Voilà. Je me déplais trop dans ce que je deviens. Je fais trop de choses en même temps. L'agenda est noir depuis des mois. La tête tourne. À ne plus avoir le temps de souffler, je perds la densité de ce que j'aime profondément faire. Tout ce qui en ressort n'est qu'insatisfaction. Je fais des choix pour respirer à nouveau, avoir de la place. Et même en posant ces limites, quelque chose en moi culpabilise d'avoir à trancher. Ce voyage était douloureux. J'ai arraché une croûte. C'est fou, toute cette Repeindre mon plus grand tableau en blanc. Supprimer toutes traces, m’effacer. Voilà. Je me déplais trop dans ce que je deviens. Je fais trop de choses en même temps. L’agenda est noir depuis des mois. La tête tourne. À ne plus avoir le temps de souffler, je perds la densité de ce que j’aime profondément faire. Tout ce qui en ressort n’est qu’insatisfaction. Je fais des choix pour respirer à nouveau, avoir de la place. Et même en posant ces limites, quelque chose en moi culpabilise d’avoir à trancher.

Ce voyage était douloureux. J’ai arraché une croûte. C’est fou, toute cette peau et ces questions à vif en dessous. L’alcool triste fût terrible. Mortellement terrible. Les lendemains ont été plus doux. J’ai été plus douce. La météo était là. J’étais soulagée de rentrer chez moi. Faire du sport me fait du bien également. J’ai hâte de faire une pause.

Z* me parle depuis une semaine. J’attends qu’elle s’ennuie, qu’elle se lasse pour ressortir de ma vie. Je remplis sa curiosité de réponses. Je suis un souvenir cristallisé à mes 17 ans. Une femme aimant une femme insaisissable et imperméable à cet amour. Elle croit m’aimer mais je sais bien, moi, que ce n’est pas de l’amour. C’est une obsession, un désir profond de posséder ce que l’on ne peut avoir. Ce n’est pas de l’amour. Je ne l’aime toujours pas comme elle le voudrait. Je n’ai pas même d’affection pour elle. Je suis juste flattée que l’on puisse s’intéresser à moi et flippée qu’elle m’ait cherché pendant toutes ces années.

Je suis allée boire un verre et manger un bout avant d’aller au concert. La première partie avait une belle voix, des textes pourris et des griffes en plastique à la place des ongles. Je suis las de cette solitude, faire toutes ces choses seules. Mes yeux se posent sur ceux qui s’amusent, ceux qui s’aiment, ceux qui rient. Le jazz et les messages étaient bons. Une fille en robe du soir m’a demandé de la prendre en photo. Elle a posé et je me suis demandée si elle n’était pas plus seule que moi.

J’ai envie d’aller me baigner. Ce samedi, je serai quelque part, seule et perdue dans la foule… comme d’habitude.

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2024-03-20T16:41:00+01:00
https://bambou.journalintime.com/27 27) L'organisme de formation m'a accordé un entretien en face à face. Ils ont changé l'heure du rendez-vous la veille au soir. Du début d'après-midi, il a été déplacé en fin de journée. Entre mon emploi et la préparation de ma valise pour l'Angleterre où je passais le week-end, j'ai trouvé l'intervalle cavalière. Dans un état de stress intense, je n'ai pu confirmer ma présence que le jour même au matin. Dans la continuité de mes premières impressions, leur manque d'égard s'est accentué au fil des heures. Je leur ai précisé que je partais à l'étranger dans la foulée et L’organisme de formation m’a accordé un entretien en face à face. Ils ont changé l’heure du rendez-vous la veille au soir. Du début d’après-midi, il a été déplacé en fin de journée. Entre mon emploi et la préparation de ma valise pour l’Angleterre où je passais le week-end, j’ai trouvé l’intervalle cavalière. Dans un état de stress intense, je n’ai pu confirmer ma présence que le jour même au matin.

Dans la continuité de mes premières impressions, leur manque d’égard s’est accentué au fil des heures. Je leur ai précisé que je partais à l’étranger dans la foulée et serai indisponible pendant plusieurs jours, ils m’ont proposé de reporter en plein dedans ; le complément de dossier expert que je n’étais pas en mesure de fournir ou de produire par email (en moins d’une semaine) m’a été redemandé en face à face ; le book que l’on m’a demandé d’apporter n’a été ni ouvert ni regardé…

J’ai été reçue par une professeur couverte de plâtre jusqu’au menton. Elle gribouillait son carnet de flèches, de croix et de points. Elle avait imprimé mon dossier artistique, composé de plusieurs médias, en noir et blanc. Elle n’a pas relevé lorsque je lui ai demandé pourquoi un organisme de formation demande à ses élèves de fournir des documents d’expert alors qu’ils sont censés justement être formés sur ces compétences ? En revanche, elle était plus inquiète de voir peu de dessins dans mon dossier. Non seulement je les ai avais sur moi mais ils étaient également — dessins et arguments — à la dernière page de mon dossier.

Elle a fini notre entretien en me disant qu’elle espérait que j’appréciais qu’elle "allait travailler pour moi" en m’envoyant les documents préliminaires de formation. Elle a tenté de me joindre dès le lundi par téléphone pour me demander l’adresse de mon employeur à indiquer sur la convention. Qu’aurait-il fallu que je fasse (de plus) pour lui faire comprendre que je n’étais pas disponible ? Les gens ne lisent pas, n’écoutent pas…

À mon retour de voyage, j’ai découvert son ébauche de convention, de programme et de planning. À ma grande surprise, mon emploi du temps s’étalerait du lundi au dimanche, avec des trous incohérents de 4 ou 5 heures entre des matières étranges (certaines finissant à 21h) et aucun jour de repos (donc incompatible avec un emploi à temps partiel ou de temps de travail personnel).

Pour une formation de plus de 20K, je m’attendais à de vrais critères de sélection, un emploi du temps cohérent qui laisse de l’espace entre la théorie et la pratique. Je m’attendais à une communication ouverte, dynamique et surtout artistique. Je n’ai rien trouvé qui puisse me motiver ou m’engager. Pas même le fait d’avoir à payer une place de parking à la journée tous les jours de la semaine.

Je n’ai pas ajouté ces documents à mon dossier de départ volontaire. Je ne m’endetterai pas pour cette formation. Je préfère patienter et continuer ma formation universitaire. J’aimerais prendre une année sabbatique pour m’y consacrer totalement. Heureusement, j’ai aussi un plan B. Un plan BB.

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2024-03-16T18:19:42+01:00
https://bambou.journalintime.com/26 26) Les incertitudes autour de mon avenir professionnel deviennent perturbantes. Aux pensées intrusives viennent s'ajouter le lavage de cerveau d'une année et demie d'incitations malsaines vers la porte de sortie... En activant cette peur en moi, je me dis qu'ils ont réussi une partie de leur pari. Je me dégoûte d'être si friable. Pour la seconde fois de ma vie, j'ai envoyé mon dossier artistique à un organisme de formation pour tenter la piste de la reconversion. Le coeur bat toujours aussi fort. Mon premier contact a été d'une froideur décourageante. Du réseau, c'est l'adresse la Les incertitudes autour de mon avenir professionnel deviennent perturbantes. Aux pensées intrusives viennent s’ajouter le lavage de cerveau d’une année et demie d’incitations malsaines vers la porte de sortie… En activant cette peur en moi, je me dis qu’ils ont réussi une partie de leur pari. Je me dégoûte d’être si friable.

Pour la seconde fois de ma vie, j’ai envoyé mon dossier artistique à un organisme de formation pour tenter la piste de la reconversion. Le coeur bat toujours aussi fort. Mon premier contact a été d’une froideur décourageante. Du réseau, c’est l’adresse la plus proche de chez moi mais pas celle dont on m’a parlé en premier. Il n’y a pas de hasard. J’ai été plus réservée, moins exaltée en la contactant. J’ai fait des recoupages dans mon book : la qualité sur la quantité, aucun lien vers mon site (pourtant fraîchement mis à jour)... Ma petite voix intérieure me dit de protéger mon travail, d’apprendre à partager dans la modération sans me mettre en pâture. Je ne suis pas désespérée. Je suis perdue.

Ma candidature a passé le premier filtre de sélection. Malgré des éléments que je ne suis pas en capacité de fournir ou de produire, le second aura lieu dans quelques jours et je saurai tout de suite. À pas de velours, juste avant un week-end prolongé à l’étranger (du grand n’importe quoi)... Je suis loin d’être confiante et d’avoir confiance. Sans l’approbation de parcours par mon employeur, je ne pourrai jamais autofinancer cette formation. Leur décision sera prise dans quelques semaines. Je n’aime pas être tributaire de la décision des autres. L’enjeu est trop important pour ne pas être choisi par mes soins. Je n’ai pas de plan B à ce stade.

Je n’ai pas souhaité partager l’essence de mon projet professionnel à mes grands-parents. Ils m’ont demandé pourquoi j’étais fermée sur ce point. Il y a deux ans, ils avaient décrété haut et fort que ce que je faisais était "pour les faibles d’esprit". En le lui rappelant, mon grand-père m’a dit que ce n’était pas possible, que j’avais rêvé. Réécrire l’histoire pour la rendre acceptable. Bien maquillé, un déni n’est pas un mensonge, n’est-ce pas ? Il annule l’insulte. C’est bien confortable ce petit pyjama. Alors, oui, je suis fermée et factuelle : des dates et des dossiers administratifs à monter. Je suis en CDI et j’ai un salaire. Je coche leurs cases d’une "bonne personne".

Parce que je suis une bonne personne. Si ils ont l’occasion de le savoir, ils n’ont pas besoin de le savoir.

J’essaie de me concentrer sur mes études. Je ne trouve pas l’énergie et la motivation pour le second semestre. Je culpabilise énormément de ne pas parvenir à avancer dans mes recherches théoriques, de ne pas savoir par quel bout commencer. Un pan en soulève un autre qui m’éloigne de mon point de départ pour souligner une nouvelle ignorance à combler… à l’infini. Si je n’avais que cela à faire de mes journées, je serais excellente.

Faible d’esprit.

Allongée à l’envers dans le canapé-lit déformé, je me demandais ce qu’il pourrait se passer si je laissais tout — absolument tout — tomber. Je ne parle pas de quitter mais d’abandonner.

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2024-02-18T18:59:00+01:00
https://bambou.journalintime.com/25 25) Une Soeur a distribué des livrets de prières et de chants à toutes les personnes présentes dans l'église. Sauf à moi. Je ne savais pas qu'il y aurait une messe ce matin-là. Je passais juste par là, un instant, comme je le fais parfois. Je me tenais un peu à l'écart de ceux qui savent se mettre à genoux, qui savent réciter. Je ne faisais de mal à personne. Alors je n'ai pas compris pourquoi. Un mélange de colère et de tristesse s'est emparé de moi. Je n'ai pas compris ce geste. Ou plutôt ce non-geste. Ici, à cet endroit. Et toutes les questions qui me traversent parfois sur Une Soeur a distribué des livrets de prières et de chants à toutes les personnes présentes dans l’église. Sauf à moi. Je ne savais pas qu’il y aurait une messe ce matin-là. Je passais juste par là, un instant, comme je le fais parfois. Je me tenais un peu à l’écart de ceux qui savent se mettre à genoux, qui savent réciter. Je ne faisais de mal à personne. Alors je n’ai pas compris pourquoi.

Un mélange de colère et de tristesse s’est emparé de moi. Je n’ai pas compris ce geste. Ou plutôt ce non-geste. Ici, à cet endroit. Et toutes les questions qui me traversent parfois sur ces pratiques dont j’ignore tout ont eu une raison de se dissoudre. Leur réponse n’a plus d’importance. Ma foi est ma vérité. Et elle existe au-delà de ce que je suis en capacité de comprendre ou d’assimiler.

Cela m’a rappelé les fins de récréation seules, les échanges par messagerie instantanée de mes collègues pour se moquer… Il paraît que "l’habit ne fait pas le moine".

À quoi bon se mettre à genoux devant une statue, la craindre et se signer avec autant de dévotion front à terre ? À quoi bon prêcher la générosité, le pardon et l’éternité les mains jointes ? Ne suis-je pas, moi aussi, le prochain de quelqu’un, quelque part ? Est-ce réellement un appel du coeur ou juste un autre automatisme, une autre habitude, une obligation ? J’ignore tout de ce qu’il convient de faire ou dire. Je ne connais pas ces gens. Et je ne me reconnais pas dans cette autre forme d’ignorance.

Une personne a éternué pendant un Notre Père. Le premier rang s’est retourné pour le fusiller du regard. Amen.

Je n’étais pas là pour moi. Je voulais simplement allumer un cierge pour remercier cette soirée qui s’est bien passée à l’autre bout de la planète. Des photos prises par d’autres ont circulé sur les réseaux. Il est autant fait pour la scène que ces autres pour faire des portraits. Le résultat est toujours là. Les bribes entendues de ses nouvelles compositions sont prometteuses. Je suis sûre d’avoir rêvé de l’une d’elles quand il était au studio.

C’est si visible et sensible quand les gens font ce qu’ils aiment, ce pour quoi ils sont nés.

Je crois que nous avons tous une façon de prier qui nous est propre.

Toutes les réponses à ses questions sont en moi. I’m fully ready.

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2024-02-13T19:55:00+01:00
https://bambou.journalintime.com/24 24) Mon père me demande souvent si "les signes" que je reçois font toujours partie de ma vie. Et, invariablement, je lui dis un grand "oui". Il lui arrive de me demander des exemples d'évènements, récents ou anciens, qui viendraient justifier que ces messages servent à quelque chose (sinon, belle jambe, à quoi servent-ils ?). Il n'a jamais mis ma parole en doute mais je n'ai jamais compris pourquoi il avait besoin de se rassurer. Des exemples d'expériences, j'en ai à la pelle depuis toute petite. Il ne se passe pas un jour sans qu'un phénomène irrationnel ne se manifeste dans ma vie. Mon père me demande souvent si "les signes" que je reçois font toujours partie de ma vie. Et, invariablement, je lui dis un grand "oui". Il lui arrive de me demander des exemples d’évènements, récents ou anciens, qui viendraient justifier que ces messages servent à quelque chose (sinon, belle jambe, à quoi servent-ils ?). Il n’a jamais mis ma parole en doute mais je n’ai jamais compris pourquoi il avait besoin de se rassurer.

Des exemples d’expériences, j’en ai à la pelle depuis toute petite. Il ne se passe pas un jour sans qu’un phénomène irrationnel ne se manifeste dans ma vie. De là à dire que mes interprétations sont correctes, je ne parierai pas dessus. En revanche, je suis certaine que les choses se passent (ou ne se passent pas) d’une certaine façon pour une raison, que le hasard n’existe pas et qu’il y a un langage derrière ces phénomènes.

Dans son raisonnement qui lui est propre, mon père ajoute souvent : "D’accord, et après ?"

Après, je n’en sais rien. Si je les vois, les sens et les entends de plus en plus, je ne suis pas sûre qu’il faille systématiquement analyser et chercher à comprendre ce qu’il se passe. C’est pour cela que j’ai délaissé les cartes pour écouter mon coeur. J’ignore si ces messages sont utiles. Les choses prennent tout leur sens quand on est prêt à les recevoir, à les comprendre dans leur entièreté. C’est plus compliqué de faire "simplement" confiance à la vie, de continuer à avancer, de la laisser nous accompagner sur ce qui est déjà en cours en coulisses… Comme si l’Univers nous était redevable d’une explication plus nette dès le départ. Je suis la première à râler, à ne pas m’en contenter. Parce que j’ai peur de manquer des bouts, de passer à côté de quelque chose de mieux et de merveilleux.

Je vis. C’est déjà bien.

Je suis consciente que l’on communique avec moi dans une langue dont je n’ai ni le dictionnaire ni les codes. Et puis, dans les moments les plus sereins, les évidences sont tellement savoureuses que j’oublie toutes ces fois de frustration. Tout ce qu’il m’est arrivé de plus beau dans ma vie a commencé par une "coïncidence".

Et, parce que je suis un être humain sensible, j’ai, moi aussi, envie de croire ce que je me raconte de plus plaisant, quitte à me décevoir de paillettes. Je crois que je suis guidée. Je crois que c’est beau. Je crois que c’est inévitable. Je crois beaucoup.

Mon corps est en réaction depuis quelques jours. Des poussées de fièvre, des maux de muscles et de gorge. Mes règles ont pris de l’avance sur le calendrier. J’ai constamment sommeil. Mon ventre part dans des monologues infernaux, tantôt creux, tantôt gonflé. Mon coeur est prêt à sortir de ma poitrine. Je le sens battre dans ma tête. Jamais il n’a pulsé aussi fort. Mes mains vibrent. Je me trouve une mine affreuse. Mon humeur est changeante. Bref, chamane, je vais "accoucher".

Je m’étais promis de participer à davantage de concours artistique cette année. Je crois que je n’avais pas écrit de poème depuis le CM1. Le jury va bien se marrer. Et je vais gagner.

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2024-01-31T19:09:29+01:00
https://bambou.journalintime.com/23 23) Concert de feu, concert de joie ! Que j'ai adoré commencer ma semaine sur des airs endiablées de Cuba ! Impossible de m'arrêter de sourire, de danser, d'applaudir. Plus les minutes passaient, plus je me désinhibais. Les couches tombaient, les bras se levaient. Mes pieds brûlaient au fond de mes bottines toutes neuves. Je suis rentrée au petit matin, allumée comme un feu de Bengale. Les boucles sur ma tête en redemandaient. Je tournais dans la salle de bain. Je me découvre un amour vibrant pour les concerts dans ces salles minuscules, où je peux voir les doigts des artistes courir Concert de feu, concert de joie ! Que j’ai adoré commencer ma semaine sur des airs endiablées de Cuba ! Impossible de m’arrêter de sourire, de danser, d’applaudir. Plus les minutes passaient, plus je me désinhibais. Les couches tombaient, les bras se levaient. Mes pieds brûlaient au fond de mes bottines toutes neuves. Je suis rentrée au petit matin, allumée comme un feu de Bengale. Les boucles sur ma tête en redemandaient. Je tournais dans la salle de bain.

Je me découvre un amour vibrant pour les concerts dans ces salles minuscules, où je peux voir les doigts des artistes courir sur leurs instruments, où je sens leur transpiration exaltée et dominée par leurs personnages de scène qui se perdent dans leurs propres sons. Je les vois trembler d’émotions, de trac ; leurs yeux qui brillent de lumière et de larmes, leurs grimaces dans l’effort. Je découvre de nouveaux talents, entre l’inconnu et la popularité. Loin de la radio et des caméras. J’explore de nouveaux lieux où ils viennent s’éclater, se célébrer. J’aime faire partie de ces moments où on se rencontre pour de vrai.

Ces notes ont rejailli tout au long de la semaine comme des injections d’euphorie. Des rappels que la Vie est faite pour moi, pour ces instants dans toutes les langues.

Trois jours sur site. Je n’arrive plus à me concentrer. Je ne me sens plus impliquée. Je suis sérieuse et cordiale. Je fais ce que l’on me demande. Je fais ce pour quoi je suis payée. Tout juste, sans plus. Je n’attends plus rien de moi dans cette impasse sans perspective. Je n’attends plus rien des autres, dans leur incapacité de respecter une parole, un engagement. De cette équipe démembrée, de ces mégalomanes qui en veulent une plus grosse et toujours plus, qui ne comprennent pas le sens du mot "non".

Mon calendrier de cours est enfin complet pour le semestre. Je dois me reprendre ! Je me déçois car, même si le diplôme ne m’intéresse pas, je sais être disciplinée. Peut-être l’ai-je trop été, à me poser toutes ces structures et ces échafaudages autour de la gueule, qu’il arrive un moment où, fatalement, on veut respirer pour le reste de sa vie. Tant pis pour la perfection. Je compte sur le contenu des classes pour retrouver la motivation et une discipline. Depuis la pause des fêtes de fin d’année, je continue de créer pour moi mais je n’ai eu aucune curiosité, aucun appétit pour une quelconque exposition.

La mère s’est barrée en Afrique sur un coup de tête.

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2024-01-26T19:27:02+01:00
https://bambou.journalintime.com/22 22) Et je suis une bête en colère. Les abus de confiance me font vriller. Des stéréotypes du passé ne cessent de revenir depuis deux ans, sans gêne ni honte, avec les démarches les plus condescendantes. Ils font semblant de prendre de mes nouvelles (très souvent de la même manière), de me vouloir du bien après que notre lien se soit distendu ou rompu. Par l'oeuvre du temps ou par volonté propre. Les raisons pour lesquelles ils sont sortis de ma vie sont révolues mais très vraies. Je leur souhaite le meilleur et je garde mes distances. On dirait des tests pour savoir si j'ai compris Et je suis une bête en colère. Les abus de confiance me font vriller.

Des stéréotypes du passé ne cessent de revenir depuis deux ans, sans gêne ni honte, avec les démarches les plus condescendantes. Ils font semblant de prendre de mes nouvelles (très souvent de la même manière), de me vouloir du bien après que notre lien se soit distendu ou rompu. Par l’oeuvre du temps ou par volonté propre. Les raisons pour lesquelles ils sont sortis de ma vie sont révolues mais très vraies. Je leur souhaite le meilleur et je garde mes distances. On dirait des tests pour savoir si j’ai compris la leçon, si je vais retomber dans le même piège. Je me répète que je connais leur nature, qu’ils l’ont révélé au moment opportun. Je ne peux impulser un changement positif en tentant de faire du neuf avec de l’ancien.

De cet atelier que j’ai réussi à mettre en place et qui connait un succès étonnant au sein d’une entreprise où ce n’est pas ma fonction première. Je le porte seule bénévolement à bout de bras, en faisant fi des regards et des remarques qui m’auraient valu le bûcher. J’ai toujours voulu regarder le côté positif dans mon approche et dans ma pratique. La vérité est que la majorité des participants est incapable de tenir une parole ou un engagement. Ils abusent et gaspillent ce qui est gratuit comme des enfants capricieux face à un buffet à volonté. Ils consomment. Plus le temps passe, plus les répétitions sont fortes et graves. Je suis la seule à pouvoir y mettre un terme. Cet atelier me manquera. C’est presque drôle de le voir finir par le point où il a commencé…

À force d’être traitée pour ce que je ne suis pas, je suis invitée à le devenir. Ce chapitre m’a montré de quoi j’étais capable dans ce domaine et l’appel, presque urgent, à commencer le suivant est terrifant. Petit à petit, je lâche ma culpabilité. J’arrive à me dire que cette décision n’est pas une démission mais le geste le plus juste pour être respectée dans un cadre à poser pour vivre ce que j’aime et de ce que j’aime. Je peux créer ce cercle vertueux et équilibré.

De ces gens qui entretiennent un rapport ambiguë et étrange selon les saisons, qui soufflent le chaud quand ils ont besoin de participation pour voir leurs projets devenir populaires puis le froid pendant des mois de silence, de l’absence de réponse aux messages que je leur envoie, de la sécheresse de leurs réponses toutes maigres… Pas de printemps ni d’automne. On prend, on pompe, on jette. Avec quelques plumes et billets au passage. Derrière l’étiquette de "je fais du yoga en pleine conscience" se cache, parfois, des manipulateurs ordinaires.

Chacun se rappelle ma gentillesse, mon bon fond, ma disponibilité d’écoute. Chacun se permet d’essayer, de forcer le passage parce qu’ils croient qu’un pardon ou un sourire donne l’autorisation de repartir de zéro ou de répéter ce qu’ils ont déjà fait. Certains vont même jusqu’à me vendre que c’est me rendre service que de leur rendre service. Je refuse, respectueusement.

Ma colère se dirige aussi contre moi-même et tout ce qui continue de me faire réagir avec autant d’acidité, chez moi et chez les autres. De ne pas être plus investie dans ce second semestre d’études et démotivée par le laxisme des équipes pédagogiques. De sentir cette envie chronique de tout plaquer en croyant que cela fera avancer les choses plus vite, dans le bon sens…

Dans quelques jours, il remontera sur scène. Je suis toujours très émue de voir ses énergies se déployer pour réaliser son rêve. Je suis en colère de laisser mes incertitudes sur mon avenir professionnel me retenir de poser les jours et prendre les billets pour être à ses côtés. D’une autre part, je sais au fond de moi, qu’on se rencontrera à nouveau bientôt. Il viendra. Je serai là.

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2024-01-25T19:21:00+01:00
https://bambou.journalintime.com/21 21) Les émotions se bousculent tant depuis plusieurs semaines que je ne sais pas par quel bout commencer cet écrit. Je regarde l'écran, la ligne s'écrire et puis, là, à l'instant, je me dis qu'il n'y a pas de faux début. Aller... Une des filles de mon équipe est enceinte. Ses mots sont tombés comme une pierre sur du sable. Un bruit sourd et étouffé qui n'a rien emporté. Ni euphorie ni engouement. Il n'y a plus d'espoir à détruire, je crois. C'est comme une suite logique. Je compte les femmes autour de moi qui ne le sont pas encore et qui le seront avant moi. Éternelle observatrice. Les émotions se bousculent tant depuis plusieurs semaines que je ne sais pas par quel bout commencer cet écrit. Je regarde l’écran, la ligne s’écrire et puis, là, à l’instant, je me dis qu’il n’y a pas de faux début. Aller…

Une des filles de mon équipe est enceinte. Ses mots sont tombés comme une pierre sur du sable. Un bruit sourd et étouffé qui n’a rien emporté. Ni euphorie ni engouement. Il n’y a plus d’espoir à détruire, je crois. C’est comme une suite logique. Je compte les femmes autour de moi qui ne le sont pas encore et qui le seront avant moi. Éternelle observatrice.

C’est intéressant de voir comme être enceinte devient leur identité. Je les vois s’effacer, ne plus s’appartenir et soumettre leur entourage sur le même fuseau horaire. Je les vois devenir intolérante et méchante dès que les lumières et les attentions se détournent d’elles pour se poser ailleurs. Elles ne se définissent plus que par leur nouveau rôle, que personne d’autre ne peut comprendre. Pas même celles qui l’ont été avant elles, avec leurs conseils plus ou moins désirés reflétant leurs propres expériences, démodées. Des conseils qu’elles donneront à leur tour dans quelques temps. Elles jouissent d’être déesses pendant 9 mois, avec un droit de vie ou de mort sur tout ce qui vit en dedans et en dehors d’elles.

Le moindre sujet de conversation revient (par les détours les plus absurdes) à cet hémisphère qui pousse. Elles sont enceintes et le reste du monde, si vivant et déjà sur Terre, à côté d’elles, n’existe plus. La femme n’existe plus. Est-elle perdue ou juste endormie ? Reviendra-t-elle ? Quand ? Est-ce ça, l’instinct maternel ? La louve qui prend le dessus, qui protège et tue.

Il faut être gentille, admirative de ce club privé et accepter de parler d’un futur qui n’est pas le nôtre, auquel on ne prendra pas part. Que je ne veux même pas voir, en réalité.

Je le lui avais prédit cet avenir. J’en connais les moindres détails. Elle le sait et je les garde pour moi. Et elle est surprise de constater que je ne me suis pas trompée. Avec quelle justesse tout se passe exactement comme cela est censé être.

A cette annonce, je me suis étonnée de mon silence, ce calme intérieur. Il n’y avait ni joie, ni tristesse, ni colère, ni envie. Je ne ressens plus rien contre elles ni contre moi. Je me demande si, en fin de compte, je souhaite réellement être mère. La gestation est une vraie curiosité personnelle. J’aime profondément les enfants. Leur candeur, leur présence, leur fantaisie créative. Leurs forces. Je ne suis pas sûre de vouloir être mère si je ne peux plus être moi, si cela ne peut être une extension de ce que je suis déjà. J’ai été une grande partie de ma vie sous l’emprise d’un entourage toxique et je ne suis pas prête à me sacrifier pour qui que ce soit. Je ne suis pas sûre de vouloir entraîner quelqu’un d’autre dans la brutalité de la société du monde ; dans ses phobies, ses angoisses pour satisfaire mon bonheur et/ou celui de quelqu’un d’autre.

Est-ce que l’on peut ne pas avoir d’enfant.s par Amour pour eux ?

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2024-01-25T16:59:57+01:00
https://bambou.journalintime.com/20 20) Accroupie devant mon ordinateur, je finalisais un écrit mettant au jour le périmètre de mon projet professionnel. Mettre des mots dessus, faire ce premier pas dans cette direction... Je pense à tous ces auteurs qui, seuls dans leur salon, leur chambre, leur salle de bain, ont posé ce premier mot, cette première note sur une page blanche. Tout part de zéro. Et puis mon téléphone a tinté. Le message le plus venimeux du Nouvel An venait d'arriver, plein de reproches et de vérité. Je n'avais pas écrit ni téléphoné à mes grands-parents pour leur souhaiter la bonne année. Accroupie devant mon ordinateur, je finalisais un écrit mettant au jour le périmètre de mon projet professionnel. Mettre des mots dessus, faire ce premier pas dans cette direction… Je pense à tous ces auteurs qui, seuls dans leur salon, leur chambre, leur salle de bain, ont posé ce premier mot, cette première note sur une page blanche. Tout part de zéro.

Et puis mon téléphone a tinté. Le message le plus venimeux du Nouvel An venait d’arriver, plein de reproches et de vérité. Je n’avais pas écrit ni téléphoné à mes grands-parents pour leur souhaiter la bonne année. Mauvaise fille.

J’ai fait ce qu’ils voulaient, ce qu’ils attendaient de moi. J’étais en colère. Ils ont joué la surprise, ont posé les mêmes questions que d’habitude. J’ai tout arrêté. Je n’en pouvais plus de ce petit cirque. D’être remise en cause et maltraitée, d’être jugée si sévèrement pour la moindre chose. Inconditionnellement, du 1er janvier au 31 décembre.

Vraiment, je n’en peux plus.

Au lieu de m’appeler pour combler mes "manquements", ils ont choisi de prendre le temps de me reprocher ce que eux-mêmes n’ont pas fait. Par message. Lâcheté et mauvaise foi dans un même paquet. Doublement efficace. Ils m’avaient dit qu’ils m’appeleraient en fin de semaine. L’ont-ils fait ? Non. Ai-je envoyé un message cinglant pour leur signaler leur parole manquée ? Non.

Ne pouvais-je pas, moi aussi, légitimement espérer que l’on puisse penser à moi à Noël et au Nouvel An ? Eux qui ont de la compagnie, il faut croire que cela ne suffit pas de passer les fêtes de fin d’année seule. Dans mon coin, sans faire de bruit ou de vague, j’étais sereine et libérée de mes angoisses. On m’a oublié mais je m’en sortais très bien. J’espérais qu’on me foute la paix.

Les arguments pour me faire culpabiliser de les avoir "oublier", du haut de leur "grand âge", les "punis"... Je les appelle chaque semaine, tout au long de l’année pour prendre de leurs nouvelles, me prendre des pavés dans la gueule. Ils ne le font jamais. Lorsque je leur ai fait remarquer, ils m’ont dit : "Oui mais si on appelle et que tu n’es pas là ?" Ils ne le sauront jamais puisqu’ils n’essaient même pas. Cela semble plus facile d’envoyer un message que d’appeler sur mon mobile…

Tous ces efforts, ces espoirs anéantis quand je raccroche, ces envies de m’effacer de ma propre vie… Ce n’est pas suffisant de me tuer. Il faut aussi que je pense et prenne les initiatives que les autres n’ont pas à mon égard.

J’ai dit : je suis la famille et l’amie de gens qui ne sont pas les miens. J’ai dit : il suffit.

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2024-01-02T18:47:15+01:00