Boulette Journal

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Après des semaines à m’accrocher à un espoir maigre comme un clou, j’ai cessé d’être l’amie de ceux qui ne le sont pas pour moi, ceux dont l’absence creuse et questionne davantage ma solitude. Ou plutôt cette forme de solitude si particulière, qui siffle au gré des besoins, qui rend l’amitié insupportable.

Deux ruptures en l’espace de quelques heures. J’ai trouvé les mots et je les ai posés. "Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis".

Le don de soi n’a pas à devenir sacrifice. Aucune relation n’a à être subie. C’est ce fardeau que j’ai réussi à laisser derrière moi aujourd’hui plus que les personnes dont je me suis séparée. Je me suis résolue à mettre un terme aux relations qui ne me nourrissent pas, qui appartiennent à un passé où je n’évolue plus, qui se vit sans moi. Je tourne deux pages de 17 ans.

J’ai besoin de croire que l’amour et l’amitié existent, d’en faire des alliés, des partenaires, des forces à construire. J’ai besoin de me sentir à ma juste place et d’en laisser suffisamment pour pouvoir apprendre à vivre des relations présentes, épanouissantes et réciproques. Je mérite de partager en équité, de recevoir en quantité et en qualité ce que je donne. J’ai le droit.

J’ai besoin d’avancer vers cette direction qui m’appelle, lui dire que je suis presque prête, que je suis bientôt là ; de créer l’espace à cet endroit pour pouvoir accueillir tout ce que je me souhaite vraiment. J’ai pleuré ces longues histoires qui s’achèvent (bien, heureusement). Je me sens une nouvelle détermination à me respecter, à porter haut les couleurs de mes valeurs, à préserver ce qui a du sens.

Sous le vent, la pluie et la grêle, j’ai marché dans le cortège jaune porté par la batucada aux côtés de mon frère. Il m’a rejoint pour le défilé. Je n’étais pas seule. Je ne suis pas seule.

J’ai écrit à l’organisme de formation : j’ai officiellement retiré mon dossier de candidature.

Tout est clair. Je me sens si calme.

J’ai fait une quiche à cause de Sara.