Boulette Journal

2)

J’ai suivi la réunion de pré-rentrée sur une aire d’autoroute. Je crevais de chaud dans la voiture. Impossible d’ouvrir les fenêtres ni faire un pas dehors : des araignées ont choisi cette aire comme station de balllooning. Des guirlandes de fil blanc dans les airs. La nature est incroyable !

Je ne sais pas si c’est la distance malaisante que l’on mettait entre nous mais la bouffe était insipide. Au moins, je n’avais pas mal. J’aurais pu déjeuner avant de reprendre la route. Les nids de poule semblaient plus profonds à chaque borne. I hear your voice like a sound on the radio. La frustration de toutes ces questions suspendues reste un peu pesante pour l’instant… Qu’est-ce que je foutais-là ?

Rentrer chez moi, retrouver mon lit. Un orgasme froid dans la nuit. Dormir plus de 4 heures d’affilée, enfin. Retourner au travail. Une fois, deux fois. Retrouver l’ennui et cette irritation grandissante digne de tous les entre-deux. La chaleur des larmes sur mes tempes puis dans mes oreilles. Je m’impatiente et je sais que j’ai tort.

Tout le premier semestre de cours — des milliers de pages à lire — est imprimé. J’appréhende. Je suis intimidée par ce projet de reprise d’études… et puis l’après, un peu.

J’ai refait un soin. Les attentes de cette personne me font peur. Je ne peux pas — et ne veux pas — la sauver urgemment d’elle-même. Je ne sais pas faire. Je ne suis pas formée pour ça. Je le lui ai dit. La noirceur de sa dépression me fait peur aussi. Si épaisse qu’elle pourrait nous engloutir toutes les deux… Je ne veux plus être mangée.

Nous n’étions que 3 concernées dans la salle de conférence sur l’endométriose. Nous n’avons eu aucune empathie, aucune solidarité entre nous. Sans un mot, nous savons que nous sommes seules dans un corps cruel.