Petite poussée de fièvre. Yeux rouges. Nez en fuite. J’espérais passer dans les mailles du filet. L’impression d’avoir mon poids dans les narines. Si il le faut, j’annulerai mon dernier soin de l’année en présentiel pour éviter de propager mes miasmes.

Les profs donnent un dernier coup de collier pour compléter les rendus du premier semestre. À quelques exceptions, j’ai réussi à envoyer la majorité de mes devoirs. J’ai délibérément mis de côté ceux où mon ignorance est trop visible, là où je dois vraiment pousser ma consommation d’ici le mois de mai. J’espère avoir la moyenne le jour des examens. Pour le moment, mon rythme et mon niveau sont bons.

De nouvelles idées me viennent la nuit. Tous les domaines se rencontrent, enfin. Ce choc des éléments est extraordinaire. Il me tarde de pouvoir me poser et me pencher attentivement sur chacun d’entre eux.

Les fêtes de fin d’année sont sur toutes les lèvres. Cette année, to save me from tears, I’ll spend it à ma façon. Tout ira bien. Pour la première fois de ma vie, j’ai réussi à respecter cette part de moi. Dès que j’ai pu la regarder dans les yeux, sonder toute la peur qui s’y cache, je me suis sentie… libérée d’un énorme désespoir. J’étais beaucoup trop en colère pour y parvenir avant. La fuite était plus simple.

L’absence de sentiment d’appartenance, au-delà du lien du sang maltraitant, me rend triste. Pendant des années, j’ai pleuré ne pas faire partie d’une famille. Cette période si spéciale, à laquelle je suis profondément attachée, exacerbait ce qui me manquait et non ce que j’ai déjà. C’est très humain, je crois. C’est soudainement devenu moins dramatique parce que, si j’y regarde bien, la famille dont je rêve et que je me souhaite commence par moi.

Mes petits cadeaux sont soigneusement emballés et prêts à être distribués. J’irai les déposer en fin de semaine là où chacun est certain de passer pour les récupérer. Pour éviter les effusions de remarques désobligeantes habituelles, le déjeuner sera court et si possible à l’extérieur. J’ai pris rendez-vous au salon et acheté un ticket de concert pour la soirée.

Je m’étais promis que cette année serait différente. Et je tiens toujours mes promesses.