Boulette Journal

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Tout plaquer. Par ennui. Par mélancolie. Par colère. L’envie de me faire mal physiquement, de changer de peau. De l’arracher peut-être. Des larmes bloquées jusque dans la gorge, à vomir. Elles vont vomir.

Sortir tous les soirs. De musique, de musée nocturne, de cinéma. Dormir trop peu. Épaissir le maquillage. Être moins transparente.

Dessin au charbon. Le premier depuis 20 ans. Tâches d’aquarelle et symboles autour des résistances d’amour. Tous mes obstacles et toutes mes victoires. Un autoportrait, une purge émotionnelle. Cet état a du sens. Un rayon, un poème, une prière. Et puis décembre est arrivé. Nouveaux supports. Ukulélé et pâte feuilletée.

Lorgner un vrai sapin. L’idée d’en acheter un, même un tout petit, de le décorer, de sentir la résine. Je ne sais plus faire. Fragile. Trois bougies dans la petite église.

Envie de fuir. De m’enfuir tout droit sans rien dire à personne. Les fêtes loin d’ici. L’espoir des dernières minutes. M’enfermer dans une maison en bord de mer. Non, en bord d’océan. Dessiner à en perdre la raison sous son piano. Des baisers dans le cou. Je veux les vagues, le sel sur mes lèvres, le feutre des touches lâchées. Marcher sur la plage, sous la pluie et mettre mes pieds dans le sable froid et attendre le soleil. Brûler, recharger.

Rendez-moi mon Lion. Emmène tes notes, j’apporte les couleurs.

Le lys, Iris et la fontaine.